Menus sans porc à la cantine : où en sommes-nous ?

Menus sans porc à la cantine : où en sommes-nous ?

Le débat a alimenté la campagne électorale des présidentielles de 2017 en France : les cantines municipales sont-elles tenues de proposer des menus de substitution ? Principalement visées, les pratiques alimentaires des religions musulmanes et juives interdisant la consommation de porc à la cantine par les fidèles. Les partisans de la liberté religieuse, de la laïcité à l’école, des valeurs de la république et des droits fondamentaux de l’enfant, s’opposent désormais devant les tribunaux. Ceci malgré la décision du Conseil d’Etat en 2002, qui affirmait que l’absence de repas de substitution ne méconnaissait pas la liberté religieuse.

Deux décisions récentes en Saône-et-Loire et dans le Gard

C’est Nicolas Sarkozy, ancien président de la république, qui avait le premier provoqué un tollé en proposant une “double ration de frites” pour les élèves qui ne mangeaient pas de porc, et par là même relancé le débat à l’UMP.

Mais c’est, Gilles Platret, fervent sarkozyste, qui avait créé la polémique dans sa commune de Chalon-sur-Saône en mettant fin aux menus de substitution au porc pour tous les élèves de l’école primaire. Il avait alors reçu une forte opposition de nombreuses associations et parents d’élèves. En Août 2017, le tribunal administratif de Dijon, saisi par La Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM) avait censuré cette décision s’appuyant sur les droits fondamentaux et l’intérêt de l’enfant. Cette décision a été contestée en appel devant la cour administrative d’appel de Lyon, qui a statué le mardi 23 octobre 2018 contre la mairie de Chalon argumentant que l’instauration “d’un menu de substitution respecte pleinement le principe de la laïcité”. Le maire de la ville peut encore porter l’affaire devant le Conseil d’État.

A la rentrée des classes de janvier 2018, Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire, a tout simplement imposé du porc à la cantine une fois par semaine, impactant directement 150 élèves sur 600 qui bénéficiaient auparavant de repas de substitution sans porc. Hautement politique cette décision locale a forcément relancé le débat au niveau national.
La justice a annulé cette décision le mardi 9 octobre 2018, argumentant que cette décision ne pouvait être celle du maire, mais du conseil municipal. Ayant obtenu l’aval du conseil en délibération du 28 juin 2018, la mairie affirme qu’elle ne remplacera pas les menus contenant du porc, malgré la décision du tribunal administratif de Nîmes.

La position de l’état français

Dans une circulaire, publiée en 2011, le ministère de l’intérieur explique que la cantine scolaire est un « service public administratif facultatif » soumis « au principe de la libre administration des collectivités territoriales ». L’organisme gérant la restauration (mairie, département ou région) a ainsi la liberté totale de proposer ou non des menus de substitution, à condition que l’alimentation proposée reste équilibrée, variée et que chacun ait à sa disposition de l’eau et du pain.

Quelle solution adopter ?

Faut-il pour autant, comme l’a demandé le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, l’interdiction de la viande dans tous les cantines scolaires et proposer des menus végétariens pour faire disparaître le problème ? Ce serait alors la filière porcine qui crierait au scandale !

Pour être conforme aux règles, les cantines doivent déjà permettre aux élèves d’apporter un panier repas et en assurer la conservation et la fraîcheur pour les enfants souffrant d’allergies ou d’intolérances alimentaires. Un repas de substitution “fait-maison” en quelque sorte.

Que pensez vous de ce débat? L’argument du fichage religieux nécessaire pour fournir les bons repas aux élèves, utilisé par Gilles Platret, vous semble-t-il cohérent et justifiable?

*Article mis à jour le 17 décembre 2018

Pourquoi l’état ne prend-il pas une décision à l’échelle nationale? Cela éviterait ces atermoiements et initiatives personnelles non? J’ai l’impression que ces maires veulent simplement faire parler d’eux et de leurs idées politiques, et cela semble marcher!

  • Le refus de manger du porc est un choix religieux, donc d’ordre privé. Il n’a pas à être pris en considération dans l’organisation des affaires publiques des collectivités locales et de l’état.
    Par ailleurs les choix religieux n’ont pas à faire bénéficier de privilèges : l’enfant qui n’aime pas les épinards ne se voit pas, lui, proposer un légume de substitution.