Islam en prison : la radicalisation salafiste en milieu carcéral

Islam en prison : la radicalisation salafiste en milieu carcéral

Suite aux attentats terroristes perpétrés par d’anciens “petits” détenus comme Mehdi Nemmouche (2014), Mohamed Merah (2012) ou Khaled Kelkal (1995), l’attention du grand public et de l’administration pénitentiaire s’est portée sur la situation de la radicalisation salafiste dans les prisons françaises. Ces événements tragiques ont prouvé que la prison avait permis à des détenus de développer des théologies djihadistes (issues de l’islam) des plus dangereuses pour la société française.

La part des détenus musulmans augmente chaque année

Il est communément admis que 30 à 40 % de la population carcérale est de confession musulmane à l’entrée en prison. Ces détenus exigent légitimement de pouvoir pratiquer leur foi aux sein des établissements pénitenciers comme pour les autres religions et notamment lors des fêtes religieuses les plus importantes.

La loi de séparation des églises et de l’état du 9 décembre 1905 garantit en effet le libre exercice du culte, ce qui est par ailleurs confirmé par l’article 26 de la loi pénitentiaire. La seule limite à cette liberté de culte étant la sécurité de l’établissement.

Aumôniers seuls autorisés dans les cellules

Cependant l’organisation de l’aumônerie des prisons française a quelque peu tardé à s’adapter à cette évolution. En 2012, sur 1200 aumôniers, seuls 150 étaient de confession musulmane, contre 650 catholiques et 350 protestants.

Face à ce manque d’autorité religieuse islamique officielle, la secte salafiste s’est engouffrée dans la brèche et s’est substituée à la croyance musulmane traditionnelle au moyen d’une littérature très disponible et partagée au sein des réseaux. Ce faisant, la France a nourri le jihadisme au sein même de ses prisons et favorisé ainsi la radicalisation religieuse des détenus.

D’importantes dotations de l’administration pénitentiaire au culte musulman

Depuis 2013, le nombre d’aumôniers musulman a été sensiblement relevé chaque année, grâce à un fort abondement du budget accordé à ce culte en 2013-2014. Puis dans le prolongement des mesures annoncées par le Premier ministre le 21 janvier 2015 pour lutter contre le terrorisme, l’aumônerie musulmane a bénéficié de crédits supplémentaires en vue du recrutement de 60 nouveaux aumôniers soit 580 200 € sur 2 ans.

Au 1er janvier 2018, l’administration reconnait désormais 231 aumôniers du culte musulman (sur les 1618 pour l’ensemble des cultes) recevant la plus large dotation (1,2M€, soit 40% du budget de 3M€). Par conséquent, et contrairement aux autres cultes, les aumôniers sont donc très majoritairement indemnisés par l’état (94%).

Mais, force est de reconnaître, que la structure créée en 2006 sous l’égide du Conseil français du culte musulman (CFCM), peine à suivre. Manque de formation, rémunération ou indemnisation horaire faible, hiérarchie quasi inexistante; autant de problèmes que l’aumônerie musulmane n’a pas encore complètement résolu.

Difficile encore dans ces conditions de lutter efficacement contre la radicalisation souvent cachée et sournoise des détenus vers le wahhabisme (salafisme d’Arabie Saoudite).