Depuis la semaine dernière et le mercredi des cendres, les fidèles de l’Eglise catholique font pénitence. Mais en 2013, faire carême, ce n’est pas uniquement prier et jeûner chaque vendredi jusqu’à Pâques. On peut aussi arrêter de fumer, manger moins de chocolat, ou encore ne pas aller sur Facebook. Entretien avec l’Abbé Guillaume Seguin, aumônier général de Saint-Jean de Passy à Paris. Pour lui, le carême, c’est surtout l’occasion de «faire un petit effort».
L’Abbé Guillaume Seguin dans son bureau à Saint-Jean de Passy, dans le XVIe arrondissement.
Quelle est l’origine du carême ?
Le mot carême provient du latin «quadragesima» qui signifie quarantième. Le chiffre 40 a toujours eu une portée symbolique très importante. Il y a les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant de recevoir les Tables de la Loi ou les quarante jours de Jésus dans le désert.
Quand est-ce que le carême fait apparition dans la religion chrétienne ?
Le carême s’est incrusté dans la foi chrétienne autour de la démarche des catéchumènes (les adultes demandant le baptême, ndlr). Ils entreprennent alors une démarche d’initiation par laquelle ils entrent progressivement dans l’Église catholique. Leur accompagnement permet à la communauté chrétienne toute entière de redécouvrir le sens profond du carême. C’est le temps d’une nouveauté, d’une nouvelle vie. Mais aussi une période de combat.
Comment fait-on carême aujourd’hui ?
L’objectif est de se servir de notre corps pour purifier notre âme. Car en privant le corps on nourrit l’âme. Il s’agit d’apprendre à le maîtriser. Il y a bien sûr tout ce qui a trait au repas: le jeûne. Il y a l’abstinence. Et puis il y a aussi une pénitence plus moderne, comme ne pas aller sur Facebook ou se retenir de répondre à ses emails pendant une journée. L’idée, c’est de se sortir de toutes ses petites addictions, de faire un petit effort. C’est difficile, même pour moi, mais ça en vaut la peine.
Afin de garder ses fidèles, l’Eglise se modernise-t-elle et devient-elle moins exigeante ?
L’Eglise ne cherche jamais à garder ses fidèles. C’est même une institution où il est difficile de rentrer et facile de sortir. Comment croire que l’Eglise cherche à devenir moins exigeante quand 90% de ses fidèles disent ne pas pratiquer ? Elle cherche surtout à garder le trésor de la foi qu’elle transmet le plus fidèlement possible. Se moderniser n’est pas exclu si cela signifie vivre avec son temps et s’adapter aux besoins de l’époque. Ce que l’Eglise a toujours fait. En revanche, si cela veut dire changer pour faire plaisir, en contradiction avec son passé, ça ne se passera pas.