La finance islamique, une finance basée sur l’éthique

Apparue à la fin des années 2000 en France, la finance islamique reste encore peu connue du grand public. Aujourdhui, de nombreuses institutions bancaires proposent des produits financiers conformes aux préceptes de l’islam : le Crédit agricole, Natixis, la Société générale ou encore la BPCE. Le master “Principes et pratiques de la finance islamique” de l’Université Paris-Dauphine a été créé pour faire connaître et développer cette finance basée sur l’éthique. Quels sont ses grands principes? Comment fonctionne-t-elle ? Eléments de réponses avec Kader Merbouh, directeur du master de Dauphine.

Qu’est-ce que la finance islamique ?

« Il existe une finance basée sur l’éthique qui s’appuie sur un interdit que l’on retrouve dans les religions monothéistes, à savoir la rémunération de l’intérêt. C’est dans ce cadre que se situe la finance islamique qui est issue du droit musulman. Concrètement, on ne rémunère pas un investissement lié au temps, comme dans les banques traditionnelles,  mais on rémunère la prise de risque. De plus, il est interdit de financer les secteurs dits non éthiques : l’armement, la pornographie, l’alcool, etc. -les secteurs non licites- ou encore de faire des contrats opaques. Tout contrat doit être adossé à un actif réel. »

Concrètement, comment ça fonctionne ? 

« Il y a deux types de banques : les banques « retail » pour les particuliers et les banques « d’investissement pour les professionnels. Ce sont les mêmes montages de produits financiers que l’on retrouve dans les banques traditionnelles. Mais à quelques différences près comme les interdictions d’investissement dans les secteurs illicites.

Prenons l’exemple d’un bien immobilier à 100 000 euros. La banque, au lieu de prêter l’argent au client pour qu’il acquiert un bien, va elle-même l’acheter puis céder progressivement la propriété au client. Le client va payer 100 000 euros de manière échelonnée, auxquels s’ajoutent les frais de prise de risque de la banque car c’est un service de la banque. Mais il n’existe pas de frais liés au prêt de l’argent dans le temps, c’est-à-dire l’intérêt. »

Que dit l’islam sur l’intérêt ?

« Les injonctions dans le Coran sont claires sur le sujet et sont appuyées par la tradition prophétique. On interdit toute rémunération liée au temps car elle est associée à une injustice sociale :  le riche s’enrichit grâce aux prêts qu’il concède au pauvre. »

Qu’est-ce que la finance islamique rapporte à l’économie française ?

« La finance islamique apporte des capitaux étrangers pour financer les PME. Aujourd’hui, nous avons des difficultés en France à financer nos PME. L’avantage, c’est que dans les pays du Golfe, beaucoup d’argent cherche à être investi. Le deuxième apport est double : les clients des banques traditionnelles sont de moins en moins satisfaits du fonctionnement du système bancaire. Ils souhaitent plus d’éthique en finance. La finance islamique répond également à une certaine demande d’individus qui souhaitent vivre en conformité avec leur pratique religieuse. »

Vous êtes l’un des fondateurs du Master, cela vous a semblé difficile de le mettre en oeuvre ? 

« Ça n’a pas été facile de créer ce master, il y a une immense incompréhension sur le sujet en France. Le diplôme a été validé en juin 2009 par l’université Paris Dauphine, puis lancé officiellement en octobre 2009. Son objectif est de répondre à un besoin de formation et à un immense intérêt, mais aussi à cette incompréhension sur les enjeux de cette finance. Notre diplôme a reçu le label Executive (adapté à l’emploi du temps des salariés) par rapport à son positionnement professionnel et à son corps professoral, constitué à 90% de professionnels. »

Comment est organisée la scolarité ?

« Le master accueille une moitié d’étudiants issus de la formation initiale ainsi que des professionnels avec plus de trois ans d’expérience. Nous accueillons chaque année entre 30 et 35 étudiants. Notre volume horaire est assez conséquent : près de 450h pratiquement par année. Nous organisons chaque année un voyage professionnel qui a pour vocation de faire connaître la démarche des étudiants, de faire connaître leur diplôme, se faire connaître eux, apprendre ce qu’est la finance islamique dans un contexte particulier d’un pays donné. Cette année, il aura lieu sur 10 jours à Bahreïn, Abu Dhabi et Dubaï. Nous allons être reçus par les plus grandes institutions de la région : les banques centrales, Kuwait Finance House, Natixis, Salama, etc. Il s’agit également  de faire connaître le positionnement français sur la finance islamique et arrêter de résumer l’image de la France à un pays qui a du mal avec l’islam, il y a d’autres initiatives. »

Pour en savoir plus :

 

Merci pour cet article qui est vraiment intéressent !
je fais une recherche sur les produits islamiques (participatifs) bancaires, j’aimerais bien avoir plus d’information a propos de ce sujet, un article, un blog, une page, web…
merci d’avance
cordialement .