Lieu de culte baha’ist, le “lotus temple”, situé au coeur de la capitale indienne, se veut ouvert à toute croyance et à toute religion. Accueillant plusieurs millions de visiteurs chaque année, il offre un espace de prière commun qui favorise la coexistence religieuse, dans un pays souvent traversé par des tensions confessionnelles.
Le « lotus temple » est un lieu de culte baha’iste situé dans le sud de Delhi, en Inde
(Crédit : Martine Salmon)
Unité de Dieu, unité des religions, unité des hommes. Le baha’isme, religion monothéiste fondée en Perse par Baha’u’llah en 1863, se fonde sur cette triple unité. Pour se rapprocher de cette notion, les baha’is tendent vers une ouverture aux autres cultes, à travers le dialogue interreligieux mais surtout en accueillant des fidèles de tous horizons dans leurs lieux de culte. Sept grands centres religieux baha’istes existent dans le monde, le dernier construit est celui de Delhi.
En savoir plus : « Le baha’isme en cinq questions« , un article à lire sur le blog Les dieux d’à côté.
Le lotus, un symbole à la croisée des religions indiennes dans un pays sous tension
Vingt-sept pétales de marbre blanc entourés de neufs bassins d’eau. Un lotus de pierre a été construit dans le sud de la ville en 1986. « Le lotus représente la manifestation de Dieu. Sa signification est ancrée dans l’esprit et le cœur des Indiens », explique Fariborz Sahba, l’architecte irano-canadien de ce lieu de culte baha’iste ouvert à tous. La fleur est à la fois présente dans les écrits hindous (le Mahabharata, l’une des deux épopées qui relatent les aventures des dieux et déesses hindous, raconte que le dieu créateur Brahma est né d’un lotus) et dans la tradition bouddhiste où le Bouddha est souvent représenté en tenant un dans la main.
L’enjeu était donc de trouver un symbole unificateur pour l’architecture d’un espace destiné à la coexistence religieuse. Pour Sneha Gusain, une Indienne qui réside à Delhi « un lieu de culte commun est plus que nécessaire dans une société composée d’une multitude de croyances, qui sont parfois manipulées par des organisations ou des partis politiques exacerbant ainsi des tensions religieuses ».
Des massacres entre hindous et musulmans lors de la partition entre l’Inde et le Pakistan en 1947 aux violences du Gujarat en 2002, en passant par les émeutes anti-sikhs en 1984, l’histoire de l’Inde a en effet été rythmée par des conflits religieux.
Baha’istes ou non, tous les croyants peuvent prier… mais sans bruit
Devant les neuf entrées du lotus temple, les visiteurs sont nombreux à attendre leur tour pour pénétrer au sein de l’imposant édifice. En attendant que des places se libèrent, des guides expliquent les principes de la foi baha’ie et rappellent la règle d’or du lieu : « le silence ». Une fois à l’intérieur, aucun bruit ne vient perturber le visage concentré des personnes assises en méditation sur les dizaines de bancs en bois, qui constituent l’essentiel du mobilier. L’ambiance sonore est bien plus proche de celle d’une cathédrale vide que de celle qui règne dans les nombreux temples hindous du pays. « Je vais très souvent là-bas car c’est un endroit calme et paisible », raconte Bhavuk Pandita, un Indien musulman originaire du Kashmir.
L’intérieur du « lotus temple » au sein duquel le silence est roi
(Crédit : Dinudey Baidya/Wikimedia Commons)
Ici chacun peut venir prier ou méditer, s’adresser à un Dieu, à plusieurs ou à aucun. « Je ne crois pas en Dieu, mais j’apprécie ce temple pour la paix qui y règne », explique Sneha Gusain, « mais surtout car aucune différence n’est faite ni entre les visiteurs et les fidèles baha’is, ni entre les hommes et les femmes ».
Il n’existe pas de rituels ou de clergé dans le baha’isme mais des offices ouverts à tous sont régulièrement organisés. Des extraits de livres sacrés de différentes religions y sont lus : la Torah, le Coran, la Bible, le Bhagavad Gita, le Kitāb-i Aqdas (livre rédigé en 1873 par Baha’u’llah).
Attraction touristique ou lieu de culte ?
Le lotus temple est aujourd’hui devenu un des lieux les plus visités de la capitale indienne. En ayant accueilli environ 5 millions de personnes en 2011, il concurrence presque le Taj Mahal, situé dans la ville d’Agra, qui a reçu 5,3 millions de touristes. Une popularité croissante qui est mise en avant sur leur site internet, mais que regrette Vijay Kumar, le chef de la sécurité du temple : « On a construit ce lieu comme un espace de prière et de méditation mais les gens l’utilisent pour le tourisme ».
Une opinion partagée par certains visiteurs à l’image de Devang Chaturvedi qui est hindou. « Je pense que la plupart des gens qui vont au lotus temple sont des touristes, moi-même je n’y suis pas allé pour prier ».
La vision de Sana Amir est moins tranchée : « je me suis rendue là-bas d’abord dans un but touristique, mais l’ambiance était si calme et le silence tel que j’ai réussi à atteindre une certaine paix, nécessaire à une réflexion profonde sur ma propre vie ». La jeune femme musulmane se sent en général proche de la foi des autres car elle estime que « toutes les religions enseignent la même chose, seuls le nom et les méthodes sont différentes ».
Un commentaire
Rencontre d’une chrétienne avec un indien qui avait la foi bahaï.
Cette religion est très intéressante. Il croyait en un Dieu unique créateur de toute choses, transcendant. Sa philosophie m’a montré l’évolution de la révélation de Dieu dans le monde. Dans les religions primitives Dieu se révèle de façon très primitive et puis petit à petit son image se précise il a abordé les religions de l’Inde, avec tous les Dieux images des aspects différents de la spiritualité et puis il a évoqué les grands prophètes du judaïsme, le christianisme; Il pensait que le Christ était un grand prophète mais que le message du Christ datant de deux mille ans, devait être mis à jour car s’il permettait un progrès dans le bon sens de l’individu, il ne permettait pas d’avancer dans les problèmes collectifs de société. Il fallait donc, selon son avis, voir Dieu d’une façon moins personnelle, plus universelle et agir de façon plus institutionnelle au niveau des instances dirigeantes pour communiquer la paix dans le monde. Il m’amena visiter le magnifique temple de Delhi, lotus de marbre posé sur des plans d’eau sans représentation de Dieu et sans prêtres pour le célébrer qui correspondait à ses critères. Il m’a présenté à un personnage important de ce temple qui m’a donné tous les renseignements pour que je fasse partie de cette communauté et m’a remis des documents.
Cette vision de la révélation progressive de Dieu au monde et le besoin d’élargir notre conception de la mission de la religion au sein de l’humanité m’avait séduite.
Pour la première fois, une religion intégrait dans sa manière de penser cette notion d’évolution du religieux dans le monde et de son sens qui faisait partie de ma vie et me semblait essentielle.
Cependant l’impression de religion intellectuelle réservée à une élite créait en moi un malaise.
Je parcourais les documents qu’il m’avait remis mais je ne m’y appesantissais pas car je sentais qu’il y avait quelque chose qui manquait.
Il y était écrit :
La foi Bahaï est une religion indépendante du monde, divine dans son origine.
Le mot religion vient du latin religare et veut dire relier. Si une religion n’est pas cause d’unité, mieux vaut s’en passer.
Krishna, Moïse, Bouddha, Zoroastre, Jésus, Muhammad, le Bab et Bahà’u’llàh ont tous reçu leur inspiration de la même source divine et ont tous été les Promoteurs du progrès de l’humanité. Si leurs enseignements ont différé, ce n’est qu’en fonction de la réceptivité et des besoins de l’humanité de leur époque, car Tous font partie d’un plan divin pour l’évolution de l’humanité.
La révélation de Bahà’ullàh coïncide avec le moment où le monde se trouve placé devant le dilemme : périr ou s’unir. Il apporte le plan pour réaliser cette union à l’échelle universelle.
« La Foi mondiale Bahaï ne tend en rien à infirmer les principes éternels des religions précédentes. Son but est d’élargir leurs bases, de reformuler leurs principes fondamentaux, et de restaurer la pureté primitive de leurs enseignements ».
Quelques objectifs de la foi Bahaï :
- L’unité du genre humaine…
- L’abandon des préjugés injustifiables, de race, de classe, de croyance, de nation.
- La recherche personnelle de la vérité : l’homme adulte doit apprendre à voir de ses propres yeux, réfléchir avec son propre intellect.
- La religion et la science sont deux voies menant à la vérité. Elles doivent donc s’harmoniser pour permettre le plein épanouissement de l’homme et de la civilisation.
- L’homme et la femme doivent avoir des droits égaux dans la vie.
- L’éducation doit être universelle et développer en l’homme un esprit d’amour du genre humain.
- Solution spirituelle aux problèmes économiques.
- La paix sur la terre n’est pas une utopie mais une réalité à bâtir dès maintenant. »
Dans mon fort intérieur, la foi Bahaï, nous en montrait le chemin car elle contient une part de Vérité à laquelle j’adhérais profondément.
Cependant, la fidélité au Dieu incarné, l’intime conviction que c’est par lui que le monde va changer et le « ne suivez pas les faux prophètes » m’empêchaient d’adhérer à cette religion. Dans mon subconscient, j’aurais été incapable de le formuler, j’avais la ferme conviction que c’est le Christ qui nous a confié une mission à ses apôtres et que c’est à nous, apôtres des temps modernes, d’adapter son message à notre temps et de faire évoluer son Eglise dont nous faisons partie. Je ressentais au plus profond de moi-même à la fois que la fidélité au Christ et à son Eglise est essentielle mais aussi la nécessité de conversion de cette Eglise pour répondre aux besoins de l’humanité.
Quand mon mentor m’a confié qu’il se posait des questions sur sa vie personnelle en me demandant quel en était le sens, j’ai su que sa foi, ne le satisfaisait pas entièrement, qu’il y avait quelque chose qui manquait. Je ne lui ai répondu qu’il travaillait dans le téléphone et par là il contribuait au bien-être des autres. Il ne connaissait pas le sens de son action personnelle et moi, je souffrais de manque de vision d’ensemble au sein de ma religion qui m’empêchait de communiquer. Aussi je ne trouvais pas ma réponse satisfaisante. Je n’avais pas les mots pour aller plus loin. Maintenant, je sais qu’il avait besoin de quelque chose de plus personnel dans sa foi et qu’il lui manquait l’ »Incarnation ». Mais, avec sa foi, il était très en avance sur nous en ce qui concerne les questions globales concernant l’humanité. Que faire pour que nous dans notre culture occidentale et chrétienne nous changions pour tenir compte de cette aspiration du monde à construire l’humanité ?
Une foi qui soit en même temps d’origine divine pour nous donner cette vision de la globalité et de l’évolution mais qui ne soit pas indépendante du monde, car incarnée.
Sens du monde, mais aussi sens de la personne conjugués en une harmonie globale sans laquelle l’humanité est en péril.
Mettre le Christ dans la foi Bahaï et faire évoluer l’Eglise pour qu’elle tienne compte de l’évolution, voilà ce qui plaisait à mon cœur sans que je me le formule, mais comment faire, j’étais complètement impuissante ?
C’est par la suite que je pris connaissance de l’œuvre de Teilhard de Chardin.qui met l’évolution au cœur de la foi, Le Christ lui-même étant celui qui conduit cette évolution depuis le début des temps jusqu’à la convergence finale dans l’Amour des humains.. L’Eglise commence à intégrer ce phénomène. Vatican II, (Nostra aetate) en sont les prémices. .